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Et si votre tissage était possédé ?

  • John Sébastien
  • 8 nov. 2020
  • 3 min de lecture

Le concept du film "Bad Hair" de Justin Simien (à qui l'on doit l'excellent "Dear White People") pourrait faire sourire (voire rire) plus d'un.e, mais perso, je le trouvais tout simplement génial. Faire un film d'horreur à propos d'extensions capillaires aux pouvoirs occultes qui prennent possession du corps des personnes qui les portent, eh bien, franchement, je trouvais ça brillant.


D'accord, il y a eu le film coréen "The Wig", mais ce film ne comportait pas toute la charge politique de "Bad Hair". Pour bon nombre de personnes noires, surtout les femmes noires, la relation avec leurs cheveux est quelque chose de très complexe qui dépasse largement la sphère capillaire. On sait tous que porter des cheveux crépus, tels qu'ils poussent sur nos têtes, est parfois perçu comme pas professionnel, voire sale ou débraillé (les principaux et principales concerné.e.s comprendront exactement ce que je veux dire).



Dans "Bad Hair", sur les "recommandations" de sa nouvelle boss, la brillante et ambitieuse Anna va se faire poser des extensions de cheveux caucasiens / indiens sur la tête pour avoir l'air plus plus "présentable" et, surtout, gagner le respect de ses pairs alors que tout porte à croire qu'elle présentera (enfin) son propre segment sur les écrans d'une chaîne fictive clairement inspirée de MTV.


Ne voulant pas nuire à sa carrière, la jeune femme cède et se fait poser de longues extensions de cheveux humains sur la tête. Et c'est là que les problèmes commencent. Enfin, pas tout de suite, parce qu'une fois coiffée de ses nouvelles extensions, la jeune femme reçoit bon nombre de compliments. De jeune femme invisible et discrète, on la trouve soudainement belle, attirante et désirable. (J'imagine que dans la vraie vie, ça fonctionne aussi de la même manière...)


Bien entendu, comme "Bad Hair" est un film d'horreur, tout part en sucette lorsque Anna découvre que ses nouveaux cheveux ont un esprit qui leur est propre et qu'ils ont besoin de sang pour rester lisses et soyeux (LOL, j'adore ). Aussi hilarante qu'elle soit, cette dernière phrase reflète totalement l'absurdité de la prémisse du film, mais aussi du sujet. Car, aussi absurde que ça puisse paraître, avoir recours à des extensions pour des raisons professionnelles est un choix que certaines femmes noires décident de faire encore aujourd'hui (par contre, loin de moi l'idée de juger leur choix).


Ça m'amène à parler du titre du film. Un titre très parlant pour les personnes des communautés noires, où qu'elles vivent dans le monde. Autant le titre renvoie au côté "diabolique" de ces extensions, autant il fait référence au fait que les cheveux crépus soient considérés comme étant des "mauvais" cheveux, en opposition aux cheveux lisses qui seraient les "bons" cheveux. Totalement fou, pas vrai? Eh bien, pas pour ceux qui ont des cheveux crépus. Tu peux parler à des Noir.e.s qui viennent d'îles comme la Réunion, la Martinique, Haïti, de pays comme les États-Unis, le Brésil et même de pays du continent africains, ils te diront que les cheveux crépus sont considérés comme n'étant pas les "bons". (La colonisation et à l'esclavage sont passés par là.)


Bref. Ce que je pense du film? Eh bien malgré toute ma volonté pour le trouver génial, mon verdict est sans appel. Il est vraiment nul. Et ça, c'est vraiment dommage. Justin Simien n'arrive pas à se décider sur la direction qu'il prend. Le côté kitsch (faisant clairement référence aux mauvais films d'horreur des années 80-90) n'est pas totalement assumé. Un peu, mais pas assez pour que ça fonctionne. On passe d'un ton très sérieux à un ton absurde sans vraiment de transition. Dans ce cas-ci, le mélange des genre ne fait pas bon ménage. Impossible de ne pas penser à "Get Out" de Jordan Peele en regardant "Bad Hair", surtout avec le message politique qu'il y a derrière. Mais on est bien loin du génie de "Get Out".


Malgré un casting 5 étoiles (Elle Lorraine, Kelly Rowland, Lena Waithe, Usher, Jay Pharaoh, Vanessa Williams, Laverne Cox et même James Van Der Beek ), la mayonnaise ne prend pas. Ce n'est ni effrayant (ok, ça l'est un peu quand même), ni drôle (je crois avoir ri plus que je me suis fermé les yeux). Par contre, petite mention spéciale pour les costumes des années 80 et surtout, la musique. Les chansons de Kelly Rowland qui joue la chanteuse Sandra, inspirée très librement de Janet Jackson, sont démentes.


Bref, "Bad Hair" est vraiment mauvais. Un film de série B qui, je pense, pourrait tout de même atteindre le statut de culte dans quelques années parmi la communauté afro-américaine. J'ai même lu le commentaire d'une fille sur Twitter qui dit avoir regardé le film tout en se faisant poser des extensions. À la fin du film, elle disait avoir la frousse que ses cheveux ne soient hantés, comme dans le film.

Pour le moment, le film n'est dispo qu'aux États-Unis sur Hulu. Pas encore au Canada.

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