Clemency : La froideur de l’univers carcéral américain
- Sacha Dwama
- 28 mars 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 8 nov. 2020
En ces temps de quarantaine dûs au Covid-19, l’inspiration pour regarder un bon film ou une série populaire devient insuffisante. Le GoldenFlowMag est une source sûre pour découvrir de nouvelles œuvres authentiques, originales et profondes. Pour exemple, l’excellent film Clemency, premier long métrage réalisé par la nigéro-américaine, Chinonye Chukwu. Un drame qui vous fera traverser le couloir de la mort…
Bernadine Williams, incarnée par l’actrice Alfre Woordard, est la directrice d’une prison. Tous les jours, elle côtoie des hommes incarcérés dont l’avenir est voué à une destination unique, celle de la peine capitale, celle de la mort. Depuis plus d’une décennie, elle commet, sous les ordres des juges, des exécutions, sous les yeux de ses collègues et autres témoins de l’opération.
Tel un robot bien programmé, cette femme semble complètement déconnectée, ne laissant transparaître ni émotions, ni sentiments. Bernardine officie, c’est son travail. Très peu entourée, les collaborateurs, à ses côtés, représentent le peu d’humanité qui lui reste en elle. Même son mari ne parvient pas à faire renaître sa sensibilité.

En suivant son quotidien et le parcours d’Anthony Woods (joué par Aldis Hodge) - un de ses prisonniers condamné à mort pour avoir supposément tué un policier - le spectateur est plongé au cœur du système carcéral américain. Un univers qui s’avère sans pitié, voire cruel, pour toutes les parties prenantes de ce dernier. Que ce soit pour les familles, le personnel, les avocats ou encore l’opinion public, la justice de ce pays provoque beaucoup de remous et pousse forcément à la réflexion.
Un questionnement sur l’éthique des procédures, intelligemment mis en lumière par le travail de la réalisatrice, Chinonye Chukwu. Les dialogues sont froids, courts, calmes, presque anxiogènes. Une atmosphère pesante domine tout au long du film. Comme pour matérialiser la fatalité promise à tous ses protagonistes. Son style de filmage est linéaire, sans grand mouvement, géométrique, ce qui donne une impression de droiture, une rigidité, un effet quasi chirurgical. Les tons sont neutres, peu de place pour la chaleur…
L’actrice Alfre Woordard parvient à personnifier la mort par sa gestuelle, à travers ses postures, son visage, son regard… complètement désincarnée. Un exercice perturbant qui affirme sa grande capacité de jeu. Une performance qui donne des frissons.

Clemency fait cogiter sur la dignité humaine et bien sûr remet en cause le système juridique américain qui engendre des victimes collatérales à son organisation.
Distribué par MK2, Clemency est présentement disponible en vidéo sur demande via les plateformes suivantes : ITunes, Cogeco, Telus, Bell et Viméo.
Comments