L’héritage du Black is King de Beyoncé
- Sacha Dwama
- 15 oct. 2020
- 3 min de lecture
L ’œuvre visuelle de la bande originale inspirée du film Le Roi Lion (2019), The Lion King: The Gift, est disponible sur la plateforme de streaming Disney+ depuis le mois d’août 2020. Tous les fans de la chanteuse Beyoncé étaient au rendez-vous lors de sa sortie, découvrant cette nouvelle proposition d’album visuel, après le succès rencontré avec celui de Limonade (en 2016).
A première vue, ce projet artistique complet de la reine américaine était dévoué à bousculer les codes, reflétant une image platonique d’une certaine culture « noire ». Si certains ont vu dans cette production magistrale une ode à la négritude, d’autres accuse la chanteuse de s’approprier d’aspects culturellement forts à des fins purement intéressées…

Dans tous les cas, il importe de saluer le travail colossal que demande la réalisation d’un tel long-métrage. Black is King est avant tout un essai visuel purement artistique.
Avant de lancer les flammes sur Beyoncé et de l’accuser d’appropriation culturel, il faut reconnaître la volonté de conceptualiser la beauté noire via différents médiums. A travers les tenues, les costumes, les pièces de haute-couture, les coiffures, les bijoux, les danses, le maquillage, Beyoncé expose une ribambelle d’œuvres prodigieuses dont les auteurs sont publicisés sur plusieurs blogs spécialisés.

Un tremplin conséquent pour certains artistes, leur permettant de prendre la lumière des projecteurs grâce aux choix éditoriaux de la Queen B. Aussi de nombreux danseurs et figurants, qui pour la plupart sont Africains, ont pu réaliser un grand rêve en performant aux côtés de la célèbre chanteuse.
Les prises de vues sont époustouflantes, illustrant la richesse des paysages naturels semblables à ceux du continent africain. Sans doute un clin d’œil sur la place prédominante de la nature et sa force à travers les éléments de l’eau, la terre, du désert, les fleurs, etc…

Les effets graphiques et les jeux de couleurs sont très prenants, donnant des impressions multidimensionnelles à l’image, proche du visuel 3D. Les scènes sont orchestrées avec de perpétuels mouvements, parfois lents ou plus rapides selon les rythmes des compositions musicales.
Très poétique, le scénario s’inspire de l’histoire du classique de Disney, cependant les thématiques liés à l’initialisation, le mariage, l’héritage, l’identité, reflètent plus des réflexions sur le poids d’être noir et les responsabilités qui s’y rattachent.
Concernant la trame musicale, Beyoncé nous livre l'imagerie des titres issus de l'album The Lion King: The Gift sorti un an après le film le Roi Lion. Entrecoupés par des passages parlés, posés, proche du conte ou encore du prêche, ces discours s’adressent à un enfant, un petit garçon dont on suit l’évolution. Une sorte de guide spirituelle, une voix intérieure, qui l’accompagne tout au long de son périple de vie.

Ce film est un cadeau dédié à son fils, Sir Carter, un de ses jumeaux né en 2017. Un beau message pour tous les enfants afro-descendants qui pourront sentir cette part de divinité qui sommeille en chacun d’eux.
Toutefois, ce « Gift » n’a pas fait l’unanimité dans l’opinion publique. Beyoncé a reçu une vague de critiques à son encontre. Certains considèrent cette œuvre comme un nid d’amalgames culturels africains, soulignant les fantasmes des Afro-Américains qui tentent de renouer avec leurs racines. Une représentation hollywoodienne d’une « culture noire » simpliste, qui rebute certains afro-centristes.

Aussi, il lui est reprochée d’avoir surfé sur la vague du phénomène « Wakanda », profitant de l’image positive reliée aux tendances du « Black is Beautiful » ou encore « Noir et Fier ».
Des rumeurs courent autour des danseurs Africains qui ont participé au projet, ils n’auraient pas été mis au courant lors du tournage que cette production était dédiée pour la plateforme Disney+. Un éventuel manquement qui aurait pu jouer un poids incontestable dans leurs contrats afin de percevoir un meilleur cachet.
En conclusion, la démarche artistique de Beyoncé à vouloir produire et réaliser un tel travail démontre sa volonté de laisser une marque cinématographique et musicale intemporelle. Elle participe ainsi, positivement, à l’évolution de la représentativité des personnes noires à l’écran. The Lion King: The Gift reste une œuvre purement artistique qui laisse libre cours aux interprétations et critiques. La vedette américaine l’a surement fait par plaisir.

Avec un public aussi partagé, voire peu sensible aux causes noires, les retombées économiques n’ont peut-être pas été exceptionnelles, comparativement à d'autres œuvres disponibles sur Disney+. Toutefois, ce film a considérablement dynamisé le nombre d'inscription sur la plateforme car il est uniquement (légalement) disponible sur cette dernière.
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