top of page

Black Out: Hommage à une jeunesse noire et militante

  • Sacha Dwama
  • 1 févr. 2019
  • 4 min de lecture

La troupe de Théâtre Tableau d'Hôte présente pour la toute première fois à Montréal, la pièce-témoignage Black Out. Une proposition jouée principalement en anglais qui retrace de sinistres événements sociaux qui ont bousculé l'histoire de l'Université Sir George Williams, connue aujourd'hui sous le nom de la prestigieuse Université Concordia.

Cette histoire aurait pu se dérouler en 2019, l'année dernière ou encore dans un futur proche; du moins c'est l'introduction donnée lors des premiers mots engagés sur les planches du Théatre D. B. Clarke, logé dans l'édifice de l'Universtité Concordia.

Black Out ne se veut pas une pièce documentaire, relatant des faits proprement historiques. Cette composition rend un véritable hommage aux protagonistes de ce mouvement qui s'est soulevé en 1969, né dans les salles de classe de l'établissement.

Au cœur de ces revendications, sept étudiants, noirs, d'origines diverses, animés par la soif de réussir leur scolarité et ainsi rendre fières leurs familles respectives. En plus de devoir surmonter les obstacles quotidiens qu'ils éprouvent pour mener une vie "normale" ou "égale" aux autres citoyens canadiens qu'ils côtoient, précisément caucasiens, un certain professeur de biologie, Monsieur Anderson, ne leur facilite pas l'exercice...

Des écarts se creusent entre eux et d'autres étudiants, les notes semblent étrangement basses comparativement à leurs camarades de classe, une dissociation se crée et la considération de ces élèves s'évapore.

"Est ce à cause de notre couleur de peau?" , les étudiants se questionnent, effarés par la situation.

Comment dans une si prestigieuse université, au plein cœur du Canada, pays connu pour sa nature ouverte sur le monde et accueillante, peut traiter ses élèves de la sorte?

De plus, ces derniers paient des frais bien plus élevés que leurs comparses et doivent fournir trois fois plus d'effort pour espérer atteindre les mêmes résultats.

L'injustice à laquelle ils font face nourrit en eux cette envie de poursuivre l'équité. En tant que droit légitime, ils interrogent la haute direction sur ces phénomènes de distinction dont ils se proclament victimes, du racisme.

L'administration se refuse à croire ces jeunes qui n'ont pas de preuve tangible sur les faits qu'ils avancent. Malgré les mauvaises notes, les témoignages, les citations de leur professeur, le fait qu'ils ne soient même pas nommés par leurs propres noms, tous ces incidents ne valent rien.

Par pur souci d'intégrité, et en réponse à ce silence, ce manque de droit, ils décident de se faire entendre et s'organisent pacifiquement...

Voilà les raisons qui poussent ces étudiants, soutenus par d'autres collègues noirs et blancs, à occuper la salle informatique du neuvième étage de l'université. Un lieu stratégiquement choisi pour éviter de provoquer des dégâts matériels en cas de tentative de délogement.

"Nous savions que nous serions protégés par les machines... Elles sont précieuses et coûtent chères à l'établissement. Alors nous n'avions pas d'inquiétude à avoir car nous serions protégés par elles..."

Cependant, les revendications tournent mal, le message n'est pas entendu, étouffé.

Une centaine de personnes se font arrêtées par la police, après deux semaines d'occupation. Un étrange incendie s'embrase même dans la salle, ce qui manque de tuer ces jeunes par asphyxie. Un mort est même annoncé, une manifestante succombe à un projectile reçu sur la tête.

L'incompréhension est totale, dans tous les camps. Les médias s’engouffrent dans des débats stériles qui condamnent ces mouvements et les teintent de qualificatifs négativistes.

Quelques mois après les faits, afin de se racheter une image, l'Université Sir George Williams s'associe avec le Collège Loyola pour devenir une entité, l'Université Concordia.

Pour concorder le tout, elle nomme son Théâtre D. B. Clarke, en clin d’œil au Président de l'établissement au moment des faits. Ironique non ?

L'oeuvre Black Out redonne la vie, des voix et des visages à ces jeunes, noirs et militants malgré eux. Avec une mise en scène qui rappelle l'importance des racines africaines, de la spiritualité et la force créative des opprimés.

La quête d'une justice sociale, peu importe les peuples, se traduit souvent par des actions qui poussent à la violence pour se faire entendre ou comprendre. Surtout lorsque l'interlocuteur joue le sourd, l'ignorant, valsant sur sa légitimité de libre-pensée.

Cet hommage renferme un caractère universel et intemporel. Une présentation qui pourrait se jouer dans plusieurs salles du monde, témoignant que le racisme existe même au Canada...

A souligner l'excellent jeu de certains comédiens qui interprètent distinctement les rôles de plusieurs personnages.

Black Out Du 30 Janvier au 10 Février 2019 Théâtre D. B. Clarke, Université Concordia 1455 Maisonneuve Ouest Montréal QC

Distribution : Lucinda Davis, Kym Dominique Ferguson, Briauna James, Gita Miller, Michelle Rambharose, Sophie-Thérèse Stone-Richards, Shauna Thompson, Dakota Jamal Wellmen Maryline Chery, Marie Hall, Justin Johnson, Jahlani Knorren Metteur en scène : Mathieu Murphy-Perron Assistantes à la mise en scène : Tamara Brown, Shanti Gonzales Chorégraphe : Rodney Diverlus Régie : Kate Hagemeyer Conceptrice d'éclairage : Audrey-Anne Bouchard Concepteurs sonore : Rob Denton, Elena Stoodley Scénographe : Sophie El-Assaad Conceptrice de costumes : Noémi Poulin Conceptrice numérique : Jaclyn Turner Conceptrice des maquillages : Pamela Warden Équipe de rédaction : Tamara Brown, Kym Dominique Ferguson, Lydie Dubuison, Mathieu Murphy-Perron

 
 
 

Comments


A l'Affiche
Tous les Posts
Suivez GoldenFlow Mag
  • Facebook Long Shadow

© 2023 by PlayPlay. Proudly created with Wix.com

 

bottom of page