Black Panther: Au delà de la fiction, un message
- Sacha Dwama
- 24 févr. 2018
- 4 min de lecture

Impossible de passer à côté du film phénomène de ce début d'année 2018, Black Panther (ou La Panthère Noire pour la version québécoise).
Le génie à la tête des supers héros de la maison Marvel, le grand Stan Lee, a lancé un véritable engouement autour de ce personnage, crée en 1966 dans ses BDs, en lui dédiant tout un long métrage.
Pour mener à bien sa réalisation, la super production a fait appel au talentueux Ryan Coogler qui avait seulement deux films à son actif (dont le dernier Rocky - Creed).
Un pari qui paraissait fou - pour certains sceptiques - qui se demandaient comment un film qui concentrerait un casting majoritairement composé d'acteurs noirs rencontrerait un succès mondial ?
Une belle leçon donnée par l'équipe de Marvel qui a démontré qu'une oeuvre reste une oeuvre, elle n'a pas de couleur et peut toucher n'importe quel public.
Black Panther n'est pas un film de "noirs"

Pour remettre les pendules à l'heure, bien qu'il rassemble une quantité phénoménale de bons acteurs à la couleur de peau foncée, ce film n'est pas "communautaire". Certes, un pays africain imaginaire sous le nom de Wakanda est dépeint avec toutes ses facettes, cependant les valeurs et les messages qui sont véhiculés tout au long de l'intrigue sont universels. De plus c'est un Marvel ! De la science fiction pure qui prend un virage vers des contrées encore inexploitées dans le genre, où l'action se passe dans un contexte africain.
Le Wakanda à l'image d'une autre Afrique
Ce pays imaginaire s'appuie sur une richesse unique, le vibranium, qui lui a permis de développer une technologie avancée et inconnue du reste du monde. Sa particularité, c'est qu'il n'a jamais été colonisé par les Européens, les Américains ou toutes autres forces militaires extérieures. Pour se protéger des invasions, ce royaume se dissimule sous un champs magnétique qui le rend invisible. Seuls les natifs connaissent son existence. Un pays fort, indépendant, riche et avancé, où ses populations cohabitent dans la paix tout en gardant leurs identités propres. Une potentialité bien réelle, si nous considérions les richesses inconditionnelles dont regorge le continent africain. Ce qui pourrait ouvrir le débat suivant, ce continent est-il vraiment le souverain de ses puissances dans notre monde actuel ?
Des valeurs, des traditions, une nation
Les cultures africaines sont remplies de valeurs et de traditions qui mettent en avant la famille, le respect des aînés, le souci d'appartenance et bien d'autres encore. La tolérance se trouvant être le socle commun, les habitants de Wakanda arrivent à vivre en harmonie (bien qu'il y eut quelques conflits dans leur passé). Nulle fois, une quelconque religion semble régir les politiques du royaume, seulement une dimension spirituelle est dépeinte dans le film. Chaque tribu a ses codes, ses styles de vie, ses aspirations. Mais quand vient l'adversité, elles ne forment qu'une nation, avec toutes ses différences. Dans cette super-production, nous sentons l'effort des auteurs de vouloir illustrer des aspects culturels uniques qui donnent aux spectateurs une autre grille de lecture du monde. Un nouveau modèle.
Égoïsme, soif de vengeance et amour
Ces mécanismes sont des éléments qui poussent l'Homme à l'action, justifiant parfois certains comportements. Dans Black Panther, au delà du côté "film d'action", le spectateur est traversé par des montées d'émotions qui sont caractérisées par ces aspects universels qui nous touchent tous. Des facettes de l'humanité qui peuvent nous amener au pire (égoïsme, soif de vengeance), voire à la mort. La clé qui semble évidente, solution à tous nos maux, c'est l'amour! Cela parait cliché de le dire ainsi, mais même dans une production de science fiction, le remède le plus efficace au mal est bien l'amour (de soi et des autres). Si notre monde suivait un mode d'emploi similaire, beaucoup de conflits n'auraient pas lieu d'être.
La femme toute puissante, la véritable arme

Sans la femme, ce héro ne serait pas éminent. Le sexe féminin est au centre de toutes ses réalisations. Le fait que la garde rapprochée du prince héritier du royaume de Wakanda soit composée uniquement de femmes n'est pas un hasard. Leur loyauté, leur force, et leur altruisme sont des qualités qui font d'elles des personnes source de toute confiance. Reine, sœur, soldat ou épouse, peu importe le rôle endossé par ces dernières, elles le tiennent jusqu'au bout, coûte que coûte, à en risquer leur propre vie.
Son intelligence, en plus de sa sensibilité, révèle un sexe en position de force dans ce film, tout en gardant sa place dans un rôle prédéfini. Comme en équilibre finalement avec le sexe masculin. Malgré la beauté sans artifice de ces femmes noires, leurs corps ne sont pas des outils de séduction ou de dissuasion, jamais sexualisés. Elles exercent simplement leur plein potentiel.
Black Panther est devenu un phénomène, bouleversement historique

Bien que ce ne soit qu'un film, ce dernier abonde de messages, presque philosophiques, qui pourront être décodés différemment, dépendamment de l’œil qui le regarde. Nous n'avons pas les mêmes lunettes de lecture, pas les mêmes bagages personnels, vécus, ou cultures. Ce qui rend cette oeuvre encore plus intéressante, c'est sa capacité d'englober l'humanité toute entière, via un véhicule peu commun. En prenant le parti de bousculer les codes de représentativité avec ce casting majoritairement noir, pour une super-production hollywoodienne de super-héros, l'équipe de Marvel est vraiment dans le futur. Dans cet exercice, elle arriverait presque à faire disparaître les couleurs de peau en transformant ces individus en simple personnes, sans attributs de pigmentation. Un futur qui devient aujourd'hui un présent plein d'espoirs pour tous les jeunes en manque de confiance. Ils trouveront dans le personnage de la panthère noire, incarnée par l'acteur américain Chadwik Boseman, une source de possibles incommensurables.
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